Avec les photons, les neutrinos sont les particules élémentaires les plus fréquentes dans le cosmos. Leur rôle dans le développement de l’univers est considérable en physique. Trois sortes de neutrinos sont actuellement connues. Les physicien·ne·s soupçonnaient néanmoins l’existence d’une quatrième sorte de neutrinos jusqu’alors non identifiée – les neutrinos « stériles » –, qui constituaient une explication prometteuse de certaines anomalies constatées lors d’expériences de physique
En octobre 2021, les premiers résultats de l’expérience MicroBooNE menée au centre de recherche sur la physique des particules Fermilab, près de Chicago (États-Unis), ont cependant sonné le glas de ces particules élémentaires théoriques : quatre études complémentaires de la collaboration internationale MicroBooNE n’ont trouvé aucune preuve de l’existence des neutrinos stériles. Au lieu de cela, les résultats concordent avec le modèle standard de la physique des particules, la meilleure théorie physique à ce jour sur le fonctionnement de l’univers. « Nous avons mené quatre études très approfondies pour tester différentes interactions entre neutrinos. Les conclusions sont toujours les mêmes : il n’existe aucune preuve de l’existence de neutrinos stériles », indique Michele Weber, responsable scientifique de l’expérience MicroBooNE et professeur de physique expérimentale des particules à l’Université de Berne.
La chasse aux particules fantômes
Les neutrinos proviennent de différentes sources, parmi lesquelles le soleil, l’atmosphère, les réacteurs nucléaires et les accélérateurs de particules. Comme ils n’interagissent que rarement avec la matière, ils sont toutefois difficiles à mettre en évidence. C’est pourquoi on les appelle également « particules fantômes ». Ils peuvent néanmoins être indirectement rendus visibles et étudiés avec des détecteurs de particules.
On connaît trois sortes de neutrinos : le neutrino électronique, le neutrino muonique et le neutrino tau. Sous certaines conditions, ils peuvent se transformer en neutrinos d’une autre famille : on parle « d’oscillation des neutrinos ». Lors d’une expérience conduite dans les années 90 aux États-Unis pour étudier l’oscillation des neutrinos, le nombre d’interactions entre particules observées a été plus important que prévu en théorie. L’existence d’une quatrième sorte de neutrinos – les neutrinos stériles – constituait une explication intéressante de ces résultats étonnants. Ces particules hypothétiques seraient cependant encore plus difficiles à identifier que leurs « collègues » et réagiraient uniquement à la gravité. La technologie de détecteur de l’époque n’aurait de toute façon pas permis de prouver l’existence de ce type de neutrinos. C’est ainsi qu’est née l’idée de MicroBooNE en 2007.