Matière et univers
La mission DART de la NASA a été lancée en 2021 : une sonde spatiale doit entrer en collision avec un astéroïde afin d’en dévier la trajectoire. Des chercheuses et chercheurs de l’Université de Berne participent à ce projet.
Les astéroïdes peuvent représenter un danger pour la Terre. C’est effectivement l’impact de ce type de corps céleste qui a probablement provoqué la disparition des dinosaures il y a 66 millions d’années. En 2013, un astéroïde de 20 m de diamètre a causé des dommages considérables en Russie lors de son impact. Est-il possible de dévier l’orbite d’un astéroïde ayant une trajectoire de collision avec la Terre pour l’empêcher de s’abattre sur notre planète ?
Le 24 novembre 2021, c’est précisément dans ce but que la sonde spatiale DART de la NASA, l’agence spatiale américaine, a été lancée : faire entrer une sonde spatiale en collision avec un astéroïde afin d’en dévier l’orbite.
Martin Jutzi, Sabina Raducan et Fabio Ferrari du Département de recherche spatiale et de planétologie de l’Institut de physique de l’Université de Berne participent également à ce projet. « Nous faisons partie du DART-Impact Working Group et du DART-Dynamics Working Group. À l’aide de simulations, nous étudions ce qu’il se passera lors de la collision entre la sonde et l’astéroïde, par exemple : dans quelle mesure l’astéroïde pourra-t-il être dévié, quelle sera la taille du cratère et que deviendra la matière éjectée ? », explique l’astrophysicien Martin Jutzi.
Martin Jutzi et ses collègues suscitent régulièrement l’intérêt avec leurs modèles et leurs simulations sur la naissance et le développement des corps célestes. « C’est évidemment une formidable réussite de participer à la mission DART », se réjouit Sabina Raducan.
« Avec la mission DART, c’est la première fois dans le domaine spatial que l’on essaie de modifier la trajectoire d’un corps céleste. La mission DART est un projet commun de la NASA et du laboratoire de physique appliquée (APL) de l’Université Johns-Hopkins. Elle est dirigée par le Planetary Defense Coordination Office de la NASA, en charge de la défense planétaire. »
À ce jour, on a identifié quelque 27 000 astéroïdes à proximité de la Terre, dont environ 10 000 ont un diamètre supérieur à 140 m. « Pour le moment, on ne connaît pas d’astéroïdes qui menacent directement la Terre. La mission DART est donc d’abord un exercice d’alerte », précise Fabio Ferrari.
Martin Jutzi ajoute : « Le plus souvent, ce sont des astéroïdes de petite taille qui ne sont pas susceptibles de causer des dommages importants. Les très gros astéroïdes sont tellement rares qu’il y a peu de chance qu’ils tombent un jour sur la Terre. Cela n’arrive qu’une fois tous les millions d’années. » Ce sont les astéroïdes d’un diamètre de 50 à 150 m auxquels il faudrait faire attention. « La mission DART teste une méthode dont on espère qu’elle permettra de détourner les astéroïdes exactement de cette fourchette de taille. »
L’objectif de la mission DART est le système Didymos, composé de deux astéroïdes qui gravitent l’un autour de l’autre. La sonde l’atteindra à l’automne 2022. Elle entrera en collision avec l’astéroïde le plus petit, Dimorphos, d’un diamètre de 160 m environ, à 24 000 km/h pour le dévier de sa trajectoire.
En 2024, l’Agence spatiale européenne (ESA) enverra une sonde spatiale vers Dimorphos dans le cadre de la mission spatiale HERA. Cette sonde aura pour mission d’analyser comment se sera déroulée exactement la collision entre la sonde DART et Dimorphos et quelle en aura été l’efficacité. L’équipe de Martin Jutzi participe également à cette mission.